Surtout pas le paradis !! Paracha Lech lecha- 7 Oct 2013

MP4 MP3 RESUME DU COURS : Avec la paracha le´h le´ha, et la vie d´Avraham, commence l´histoire d´Israël. On remarquera que les trois premières parachiot de la Torah sont consacrées à trois grands personnages fondateurs de l´humanité : Béréchit à Adam, modèle universel de l´humain ; puis Noa´h qui représente l´identité des nations, des bne Noa´h ; puis Avraham, fondateur de l´identité d´Israël, des bne Israël. On aurait pu penser que chaque paracha aurait été consacrée à l´un de ces personnages. Or, chacune se termine avec quelques versets parlant déjà du personnage suivant ! La Torah nous montre, par là, qu´ils sont liés entre eux. Ensemble, ils forment l´enchaînement des générations. Chaque fois, il y a dix générations entre eux, et l´un est nécessaire pour que l´autre apparaisse. Avraham est l´aboutissement d´un message qui a commencé avec Noa´h, lui-même l´aboutissement de celui de Adam. Et ce message s´exprime avec Avraham.

Pour mieux comprendre quel est ce message, on remarquera aussi que ces trois hommes ont vécu de façon très différente : Adam vit, au début, dans un monde idyllique, un paradis en dehors de ce monde, où il était clairement en connexion avec D. Pourtant, c´est là qu´Adam faute ! Sa faute est même si grave que toute l´humanité la porte, et une part du projet est de la réparer ! Noa´h, au contraire, vit dans un monde tellement concret qu´il y a la débauche, la cruauté… Lui-même est juste, mais sans connexion avec ce monde ; il ne s´intéresse pas au sort de l´humanité. Avraham, enfin, est à la fois dans le monde, et impliqué dans la réalité, pour transformer l´humanité. On va, donc, de l´imparfait au relativement parfait. Contrairement aux idées reçues, Adam était le plus imparfait des trois, car il a fauté, bien qu´il ait vécu dans un monde parfait ! Noa´h, lui, n´a pas fauté, mais ne s´est pas préoccupé de l´humanité ; seul, Avraham n´a pas fauté, et s´est préoccupé des fautes des autres.

Nous avons, ici, un message extraordinaire de la Torah : on ne peut assurer son propre salut moral et spirituel, ni en vivant loin du monde, ni en se déconnectant de lui. Le plus protégé de ces trois personnages est devenu le modèle fondamental de la faute ! Cela contredit la pensée de toutes les religions. Car D. donne les forces pour s´en sortir, seulement à celui qui marche selon Son Projet ; non à celui qui se garde du mal et fait le bien, mais à celui qui FAIT LE BIEN dans le cadre de SA définition, qui est d´être DANS SON MONDE et de SE BATTRE POUR LE CHANGER !

En réalité, la faute d´Adam était programmée, pour nous donner un enseignement et nous montrer quel est le Projet divin. Adam fait partie des chutes nécessaires que nous devons voir pour apprendre et parvenir à la vérité.

Avraham, quant à lui, a modelé son vécu et sa connexion, en fonction des problèmes de sa génération. D. lui dit \ »le´h le´ha\ », va vers la terre que Je te donnerai. Arrivé en Canaan, il cherche le lieu où il y a le plus à réparer. Il voit qu´à Sodome, selon notre tradition, les habitants \ »faisaient la chasse à ceux qui avaient besoin de l´hospitalité.\ » Dans leur idéologie, la pauvreté, la maladie, etc… étaient interprétées comme la volonté de D. qui punit le méchant. Il était donc interdit d´aller contre la Volonté de D. et celui qui aidait les pauvres en les accueillant chez lui était passible de mort, comme hérétique. Les habitants de Sodome fautaient donc à la fois contre Hachem et contre le prochain. Ils regardaient les hommes comme des esclaves : si le roi punit un esclave, on ne peut venir le libérer ! Mais D. voit les hommes comme Ses fils. Si Son fils est en prison et malheureux, et qu´on le libère et lui donne à manger, quel roi ne sera-t-il pas heureux et reconnaissant ?

Avraham a compris que D. attend de nous que nous vivions impliqués dans notre monde, pour en voir les problèmes et travailler à les réparer. C´est pourquoi il consacra toute sa vie, de façon acharnée, à l´\ »hakhnassat or´him\ », l´hospitalité. Il a compris que, si nous vivons en tel temps et tel lieu précis, c´est pour apporter une réponse aux problèmes du monde qui nous entoure. Pour ce travail, D. nous a donné les 613 mitsvot, qui sont le moyen, et non le projet ! Le Projet est de réparer et transformer l´humanité au milieu de laquelle je vis aujourd´hui ! Je dois toujours me demander : qu´ai-je apporté au monde, et que dois-je lui apporter ? Avraham a voulu combler un manque des hommes de son temps, et laisser quelque chose après lui. C´est pourquoi D. lui dit : tu seras le modèle de l´humanité entière, car c´est cela que Je recherche !

Au moment de la dispute entre ses bergers et ceux de Lot, on voit que Lot vivait déjà au niveau de la promesse de la terre, alors que \ »le Cananéen était sur la terre.\ » On ne peut vivre au niveau de concepts spirituels qui n´ont pas encore prise sur la réalité. Je dois laisser le monde avancer à son rythme. Le monde évolue, et il faut de la patience pour soutenir cette évolution, sans la brusquer. Avraham est le religieux patient, réaliste et humain. Les promesses bibliques semblent tellement lentes à se réaliser ! Mais, au regard de l´éternité, ce n´est rien ! Elles finissent toutes par s´accomplir !

Le Baal HaTourim dévoile que, dans \ »le´h le´ha\ », la répétition fait allusion au fait qu´Israël quittera sa terre à deux reprises, dans les exils de Babylone et d´Edom. Au moment même où D. promet à Avraham la Terre, il lui montre déjà tout le prix que les générations devront payer pour la recevoir ! Le Judaïsme est la sagesse de la patience et de l´attente. Nous savons que nous aurons cette Terre et que les promesses s´accompliront. Mais… quand la Torah nous présente le personnage d´Avraham, on voit seulement cette promesse \ »le´h le´ha\ », sans rien nous dire d´autre sur Avraham… Il doit nous suffire de partir, sans avoir encore aucune réponse ; elles arriveront, en leur temps, et prendront, alors, tout leur sens.