MP4 MP3 RESUME DU COURS : \ »\’Hava dit : un homme poussa intentionnellement un autre dans un trou. Il y avait une échelle dans le puits, mais quelqu\’un est venu et l\’a enlevée. Même si c\’est lui-même qui enlève l\’échelle, il est patour, il ne peut être condamné à mort.\ » Pour analyser son acte, \’Hava le décompose en deux, et il analyse la première partie, en tant que telle : quand il a poussé autrui, il y avait une échelle. L\’acte de le jeter dans le trou n\’était donc pas mortel, car il pouvait remonter. Pour qu\’il soit condamnable, il aurait fallu que, au moment même où il le jette dans le trou, il y ait déjà potentiellement la mort. Mais ce n\’est pas le cas, à cause de l\’échelle, même s\’il a dit auparavant qu\’il allait l\’enlever, car ce serait juger quelqu\’un sur une intention.
Rashi continue l\’explication, au sujet de la seconde action, celle d\’ôter l\’échelle : on ne peut condamner celui qui l\’a enlevée, car enlever une échelle n\’est pas un acte pénal. Et c\’est seulement la cause indirecte de la mort. Nous avions vu que celui qui attache quelqu\’un et le laisse mourir de faim est patour, à plus forte raison ici, puisqu\’il n\’agit pas sur le corps de l\’autre en enlevant l\’échelle.
Si \’Hava dit clairement qu\’il est patour à cause de la présence de l\’échelle, cela sous-entend que, s\’il n\’y en avait pas eu, il aurait été condamnable à mort. Même si l\’autre meurt ensuite de faim au fond du trou, il l\’a tué. Pourtant, celui qui enferme un autre dans une pièce et le laisse mourir de faim est patour. Quelle différence y a-t-il entre les deux cas ? C\’est que, dans le second cas, il n\’y a ni violence, ni agression, dans l\’acte lui-même : fermer une porte à clé est un acte qui fait partie de notre quotidien. On peut, par exemple, enfermer un enfant dans sa chambre pour le punir. Au contraire, jeter quelqu\’un dans un puits est une agression. Il y a lutte, et la personne peut se faire très mal, aussi, en tombant.
Même si celui qui en enferme un autre déclare son intention de tuer, et qu\’il n\’y a aucun doute à ce sujet, il est patour, car on ne peut juger quelqu\’un sur une intention. Par contre si, au lieu de seulement enfermer l\’autre à clé, il lui fait violence pour le tirer et le jeter dans la pièce, et qu\’il y a certitude quant à l\’intention de tuer, il est condamnable, car la mort est la conséquence directe de son action. Dans le cas où il prendrait amicalement l\’autre par le bras, et l\’emmènerait dans la pièce dont il fermerait la porte à clé, il y a divergence entre les avis : pour certains, dès que l\’on touche sa victime, ce simple contact suffit à rendre condamnable ; pour d\’autres, il faut qu\’il y ait eu un minimum d\’agression. Mais, de toute façon, il faut un contact physique, et un lien direct avec la mort qui s\’ensuit. Ces éléments n\’existent pas dans le simple fait d\’enlever l\’échelle même si, avant, on a jeté la victime dans le trou, ce qui est une violence. Car le Talmud sépare les deux actions : on le jette dans le trou, mais il y a une échelle ; ensuite, on enlève l\’échelle, mais sans contact avec son corps. Le Talmud ne parle d\’ailleurs pas de la seconde action car, si l\’on n\’est pas condamnable pour la première, à plus forte raison pour la seconde, et c\’est Rashi qui doit préciser et expliquer ce point, pour nous….
On voit, une fois de plus, que la Torah a autorisé les hommes à condamner d\’autres à mort, mais elle a tellement limité ce droit qu\’il est pratiquement devenu utopique. Il existe, néanmoins, car il faut pouvoir condamner des assassins dangereux pour la société. Comme toujours, la Torah a la sagesse, qui est le juste équilibre entre les extrêmes.
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