Paracha Korah- C´est un fil qui nous sauvera tous – 4 juin 2013

MP4 MP3 RESUME DU COURS : La paracha précédente, Shla´h le´ha, se termine par la mitsva des tsitsit qui est, d´une certaine manière, la réponse à la faute des Explorateurs. Ceux-ci avaient peur, notamment, de la chute spirituelle et morale qui serait, à leurs yeux, la conséquence de l´entrée en Israël. Dans le désert, le peuple bénéficiait de miracles permanents, et la Shekhina était présente en son milieu, grâce au Mishkan. L´entrée en Eretz signifiait se battre, puis construire cette Terre. Ils pensèrent que le peuple n´était pas prêt à passer d´une situation totalement spirituelle à une telle matérialité. Mais le Projet est, selon le principe de ´Hassidout, \ »yerida letsore´h alya\ », on descend pour mieux remonter : D. fait descendre l´âme dans le monde matériel, comme si elle se voilait, et c´est ainsi qu´elle peut révéler ce qui est en elle, qui est plus puissant que toutes les forces de ce monde ! La mitsva des tsitsit est dans cet esprit : \ »vous les regarderez et VOUS SOUVIENDREZ de toutes les mitsvot d´Hachem, vous les accomplirez et NE VOUS LAISSEREZ PAS SEDUIRE.\ » La Torah parle d´une situation où l´on peut oublier, et où il y a un risque d´être séduits ; il y a danger, et cette mitsva nous garde.

Mais les Explorateurs ne crurent pas dans le Projet. Ils vivaient dans un monde de sainteté absolue, et voulaient que le peuple reste dans cette situation où il n´y a pas de risque d´oublier, ni de se laisser séduire. Au contraire, en Eretz, il aurait fallu côtoyer d´autres peuples, faire des affaires, etc… la matérialité use la sensibilité spirituelle, et la fait même disparaître. \ »Souviens-toi…\ » La Torah a été donnée pour des hommes dans la matérialité, afin de faire face aux tentations ; pour être une nation sur sa terre !

Quant à la mitsva des tsitsit, on l´accomplit en attachant des fils à l´extrémité de l´habit ; ils n´en font pas partie, et sont seulement secondaires ; de plus, ils ne sont même pas cousus, mais attachés à la main, et donc très fragiles. Ces fils ont deux caractéristiques de faiblesse -accessoires et fragiles- pour montrer que là est le Projet : quand un Juif est dans une situation d´épreuve où il pourrait tout oublier, être séduit et entraîné, tant qu´il s´accroche à D, ne serait-ce que par un fil, cela prouve la force de l´essence qui est en lui, essence qui l´attache à Hachem. Le Projet n´est pas de rester spirituels, protégés dans le désert, mais d´être dans ce monde, accrochés à D. même par un fil !

Les Explorateurs n´avaient pas compris ce principe, par rapport à la Terre ; Kora´h reprit le même problème, cette fois-ci par rapport à l´autorité de Moshé et à la Kéhouna. Il vint devant Moshé, avec 250 chefs spirituels d´Israël ; tous portaient un talit entièrement bleu, mais sans le fil bleu. Moshé leur répondit qu´ils n´avaient pas accompli la mitsva. Le bleu azur évoque la crainte du ciel. Leur vêtement bleu symbolisait que la crainte d´Hachem était toute leur vie ; de même, leur maison était remplie de livres de Torah, pourquoi devraient-ils mettre à la porte une mézouza ? Mais D. cherche des hommes dont la crainte du ciel ne tient qu´à un fil ; comme ces jeunes qui, bien qu´ils aillent en boîte de nuit, embrassent la mezouza en entrant ! C´est l´instant qui fait la connexion : une fraction de seconde, ils se souviennent qu´Hachem existe…

Rashi donne une clef de lecture de cette paracha : Kora´h voulait la Kehouna. Il était un géant dans tous les domaines. Mais il n´avait pas compris qu´être cohen ne dépend pas des mérites, mais de l´essence, de la nature. Hachem choisit ceux qui peuvent être cohanim ! De la même façon, être Juif ou non-Juif n´est pas une question de grandeur ; D. n´a pas choisi un peuple parce qu´il serait plus grand. Un non-Juif peut servir Hachem et être aussi grand. Il sert selon sa nature, et nous selon la nôtre. Il peut manger non kasher ou travailler le Shabbat sans remettre en cause sa nature spirituelle, tandis que D. attend de nous que nous servions d´une façon différente. L´important n´est pas la grandeur visible, extérieure, mais de savoir si tel service et façon de vivre correspondent à la nature que nous avons reçue. Que chacun fasse tout l´effort qu´il peut faire, dans le cadre de la nature qu´il a reçue d´Hachem !

Kora´h voulait un habit bleu, montrant que la crainte d´Hachem est tout son habit, c´est à dire toute sa vie. Mais, devant D, la perfection n´existe pas : chacun de nous est grand dans son domaine et a besoin d´autres qui sont grands dans le leur. Il y a toujours des domaines dans lesquels nous sommes seulement des fils bleus. Cela nous préserve de l´orgueil de nous croire un talit bleu, ou de vouloir être cohen quand ce n´est pas la fonction que D. a pour nous. C´est ainsi que nous pouvons arriver à l´unité, car nous nous voyons égaux, en respectant nos différences. Dans tel domaine, tu es l´essentiel, tu es le talit, et je suis seulement le fil, l´accessoire. La mitsva des tsitsit est le fondement de l´humilité et de la paix entre les hommes !

La Torah passe par Israël, mais d´autres choses passent par les nations ; chacun a sa place, et personne n´est inférieur. Viendra le jour où nous tous comprendrons cela. Alors, comme il est écrit, les fils des peuples s´accrocheront aux tsitsit des Juifs en disant : prenez-nous avec vous, et nous monterons avec vous à la montagne de Sion.