MP4 MP3 RESUME DU COURS : La fête de Rosh HaShana, de la tête de l\’année, contient l\’idée de \’hidoush, de renouveau. Il est dit, notamment dans le Tanya, qu\’il descend et se met à briller dans le monde, à chaque nouvelle année, une énergie qui n\’était encore jamais descendue, une force pour de nouveaux objectifs et une nouvelle avancée dans le Projet divin ! Certes, nous pouvons constater qu\’il n\’y a aucun changement, dans le monde autour de nous. Mais le peuple juif, quant à lui, est censé se renouveler.
Et que représente le jour de Kippour ? Il nous est dit que nous aurons \ »kapara\ », c’est-à-dire réparation ou pardon. Pourtant, reconnaissons que nous n\’avons pas véritablement l\’intention de changer et que nous ne changerons pas, au moins ponctuellement ce jour-là. A quoi sert donc Kippour ?
Une autre question se pose : nous pensons tous que la téshuva, la possibilité de réparer, nous a été donnée parce que nous fautons. Mais les Maîtres d\’Israël nous disent que c\’est le contraire : D. a créé le monde pour que l\’homme fasse téshuva. Or, l\’homme n\’arrive à la téshuva que s\’il a fauté. Hachem dut donc introduire la faute dans Son monde, pour dévoiler ce principe fondamental de la téshuva.
Nous citerons ici les quatre dernières parachiot de la Torah, où Moshé donne ses dernières recommandations, juste avant sa mort. Dans la paracha Netsavim, d\’abord, il dit au peuple : \ »quand te seront arrivées toutes ces choses, bénédictions et malédictions que Je mets devant toi, tu prendras conscience… tu reviendras vers Hachem ton D., et Il te ramènera du milieu des peuples…Je mets devant toi la vie et la mort et tu choisiras la vie.\ » Comment peut-il affirmer que le peuple fera le mal, puis choisira la vie et reviendra ? Serions-nous déterminés à mal faire, puis à revenir ?
Ensuite, dans la paracha Vayele\’h, D. dit à Moshé \ »dès que tu seras parti, ce peuple se prostituera auprès des dieux étrangers de cette Terre. Ils vont abandonner Mon alliance, et Je les abandonnerai aussi…. Et combien de maux vont s\’abattre sur eux…\ » Mais Moshé n\’est pas étonné ou troublé par cette annonce. Il ne proteste pas, et va même rapporter au peuple \ »je sais que, dès après ma mort, vous vous pervertirez, et tous les maux qui tomberont sur vous, car vous ferez le mal aux yeux d\’Hachem…\ » La Torah nous présente le mal futur d\’Israël, non comme quelque chose de surprenant, ou une catastrophe, mais comme une évidence et une nécessité. La faute, l\’éloignement, la révolte, puis les punitions d\’Hachem, sont vus par la Torah, par Moshé et par le peuple, comme une normalité qui fait partie de l\’histoire d\’Israël !
Un troisième élément nous est donné dans la paracha Vezot HaBera\’ha : D. dit à Moshé de monter sur la montagne où il va mourir, et Il lui montre la Terre d\’Israël. Il s\’agit d\’une vision, non pas géographique mais prophétique, puisque Moshé ne peut voir toute la Terre, et que seulement certains noms de tribus sont cités. Rashi explique \ »Moshé a la vision de toute l\’histoire juive, le bon et le mauvais, l\’exil, les souffrances… jusqu\’à la résurrection\ ». Nous en revenons donc à la même question : comment tout est-il déjà inscrit dans l\’histoire ? Où est donc le libre arbitre ?
La réponse est qu\’il y a une différence fondamentale entre L\’INDIVIDU et LA NATION. Tous ces versets parlent DE LA NATION. Le peuple juif a été créé pour que, dans son histoire, soient déterminés à l\’avance ses maux et ses temps de paix. Il est aussi inscrit que nous sommes portés par l\’élan de la téshuva, et la nation fera finalement téshuva. Par contre, au niveau individuel, on peut dire : \ »choisis la vie, et non la mort\ », car chacun a la liberté, et il doit rester accroché à Hachem.
Pour ce qui est de l\’individu, la téshuva a été créée à cause de la faute, et il valait mieux ne pas fauter. Mais, au niveau de la nation, c\’est le contraire : la faute a été créée pour la téshuva ; elle est inévitable, mais la téshuva finale l\’est aussi. Une autre différence est fondamentale : si un Juif vit en tant qu\’individu, il peut être moral, mais il s\’intéresse seulement à lui-même, son entourage… Or, Israël est bien plus que cela ! C\’est le grand \’hidoush, la grande nouveauté de ces Textes : la Torah promet ici que le peuple juif a un projet national qui se réalisera et se terminera bien ! Il n\’est pas parlé ici du libre arbitre de l\’individu, mais ces Textes nous transmettent un message d\’une puissance extraordinaire : contrairement à tous les peuples qui jouent leur rôle dans l\’histoire, puis finissent par disparaître, Israël, lui, échappera à ce déterminisme !
Ces parachiot sont parmi les plus belles et les plus glorieuses de notre Torah. Sous couvert de mise en garde, d\’annonce de nos fautes et des catastrophes qui nous atteindront, la Torah nous affirme que, à la fin, \ »chavta…\ », tu reviendras ! C\’est ce que nous et notre génération vivons. Et nous avons une responsabilité unique. En dehors de notre Terre, nous ne pouvions que nous parfaire en tant qu\’individus ; sans que nous en ayons été conscients, il nous manquait le sentiment de faire partie d\’un Projet éternel, qui est celui du Maître du monde. Certes, bien qu\’étant désormais en Eretz, l\’exil reste encore en nous, et nous continuons à chercher un perfectionnement personnel. Mais nous sommes venus ici pour nous connecter à notre nation, et pour la construire ensemble. Que faisons-nous, pour construire notre nation ?
Nous ne changeons pas vraiment, à Kippour, car nous sommes encore centrés sur nous-mêmes. La vraie téshuva, c\’est nous sentir responsables d\’aider notre peuple, par un projet réel ; c\’est être animés et portés par ce besoin de participer à la construction de notre nation. Si nous avions conscience de ce besoin, et si nous étions vraiment concernés par notre peuple, nous nous sentirions obligés de nous améliorer sans cesse ! La téshuva, dit le Zohar, c\’est \ »revenir vers Hachem\ ». D est infini, et revenir vers Lui l\’est donc aussi. Le niveau que nous pouvons ainsi atteindre est infini.
Bien sûr, les mitsvot sont aussi nécessaires, mais elles sont seulement un moyen, et non le but ; comme le piano grâce auquel le pianiste enflamme toute une salle ; c\’est le moyen pour montrer notre talent. Maintenant que nous avons les mitsvot, que faisons-nous avec ? Nous sommes des millions qui attendons, chacun les uns des autres : que fais-tu pour moi ? Chacun devra rendre compte de ce qu\’il fait pour notre peuple.
Le peuple juif doit mieux se porter, grâce à moi, parce que je me serai amélioré, porté par un grand projet pour mon peuple et ma nation ! Si je me connecte au Am Israël, la Torah me dit que, certes, je continuerai à fauter, mais il est sûr que je ferai téshuva. Car c\’est se connecter à une force incroyable qui est à l\’intérieur du peuple juif, dont je peux recevoir les rayonnements, qui me donneront un optimisme, une joie, une force et un courage pour travailler pour mon peuple, et ne pas m\’arrêter. La faute est de vivre pour nous-mêmes, sans nous occuper de notre peuple. D. a créé la faute pour que nous sentions notre médiocrité, en ayons assez, et aspirions à être de vrais Juifs qui ne se définissent qu\’à l\’intérieur de leur peuple et ne vivent que pour lui !
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